Biométhanisation = traitement biologique qui dégrade les matières organiques et les transforme en gaz naturel (biogaz) et en fertilisant (digestat).
La Ville de Saint-Hyacinthe est l'une des premières villes d'Amérique du Nord à produire du biogaz à partir des résidus organiques des entreprises agroalimentaires de la région. Le projet de biométhanisation, développé et géré localement, sert entre autres à alimenter les véhicules et édifices municipaux. Cette approche novatrice, écologique et rentable, est issue de la collaboration des entreprises agroalimentaires du territoire, ainsi que des deux paliers de gouvernement. En plus de faire un bon geste pour l’environnement, elle génère une source de revenus supplémentaires qui servira à améliorer les services offerts aux citoyens.
En 2008, la Ville de Saint-Hyacinthe cherche une solution écologique et économique à l’enfouissement de ses boues d’épuration, soit 14 000 tonnes transportées chaque année par camion (550 voyages de 200 km aller-retour annuellement). Parmi toutes les options possibles, la biométhanisation demeure l’avenue la plus prometteuse, autant d'un point de vue écologique que financier.
Après des recherches auprès d’entreprises françaises, autrichiennes, suisses, allemandes et asiatiques, la Ville de Saint-Hyacinthe décide d’aller de l’avant avec le projet de biométhanisation.
En 2010, elle obtient d’importantes subventions du gouvernement du Québec pour financer son initiative. Le projet est alors lancé : trois biodigesteurs ainsi qu’un assécheur thermique pour transformer les boues d’épuration sont installés.
Cette première phase permet à la Ville de produire 3 600 m3 de biogaz par jour, en plus de générer du terreau et du granulat utilisés pour l’engazonnement et la fertilisation agricole.
En 2012, grâce à une contribution de 11,4 M$ du gouvernement du Canada (Fonds pour l’infrastructure verte) et de 15 M$ du gouvernement du Québec (Programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage), la Ville augmente sa capacité de traitement des matières organiques par l’acquisition de deux hydrolyseurs, deux digesteurs, deux centrifugeuses et une station de réception des résidus de table et des résidus verts.
Ces nouvelles installations permettent à la Ville d’accroître sensiblement sa production de biogaz et de pouvoir traiter jusqu’à 132 000 tonnes humides de matières résiduelles. La réalisation de cette deuxième phase marque également le début d’une collaboration entre la Ville de Saint-Hyacinthe et Gaz Métro, qui s’engage à se porter acquéreur de la production de biométhane de la Ville. Saint-Hyacinthe devient alors la première technopole agroalimentaire « verte » offrant à l'industrie des solutions environnementales simples pour le traitement de leurs rejets alimentaires.
Au printemps 2013, la Ville de Saint-Hyacinthe annonce la construction du Centre de valorisation des matières organiques (CVMO), ainsi que d’une plateforme de maturation dans le parc industriel Théo-Phénix. Elle procède également à l’agrandissement des installations existantes à l’usine d’épuration. Ces travaux permettent désormais de traiter les matières organiques à l’usine d’épuration qui, à l’époque, ne pouvait que prendre en charge les boues.
À l’automne 2013, des négociations sont menées avec certaines entreprises agroalimentaires de la région afin de les inciter à faire traiter leurs rejets alimentaires au Centre de valorisation des matières organiques. En plus de constituer une source importante de revenus pour la Ville, ces entreprises profitent quant à elles d’une issue écologique à la gestion de leurs rejets industriels.
Le Centre de valorisation des matières organiques est inauguré le 24 novembre 2014 et la Ville annonce la mise en fonction de sa première flotte de véhicules municipaux alimentés au gaz naturel, ainsi que de sa station de ravitaillement. Le projet est abondamment couvert par les médias et plusieurs autres villes et pays viennent visiter les installations pour s’en inspirer et intégrer la biométhanisation à leurs projets futurs.
En novembre 2015, la Ville de Saint-Hyacinthe reçoit une aide financière supplémentaire de 22 M$ de la part du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour accroître la capacité de production de son usine de biométhanisation.
En 2016 et 2017, deux biodigesteurs existants sont convertis en hydrolyseurs, cinq biodigesteurs anaérobiques additionnels sont installés, ainsi que quatre réservoirs de réception de matières liquides et trois réservoirs de pasteurisation. Une plateforme de purification est aussi construite. Environ 40 véhicules supplémentaires sont également convertis au gaz naturel et les installations sont connectées au réseau de Gaz Métro, devenu Énergir, pour y injecter le biogaz.
L’usine de biométhanisation de la Ville de Saint-Hyacinthe reçoit les boues produites par la station d’épuration, ainsi que les matières organiques provenant des collectes ou des industries agroalimentaires et broyées au Centre de valorisation des matières organiques (CVMO).
Dans les biodigesteurs, des microorganismes digèrent les matières organiques, privées d’oxygène, ce qui dégage du biogaz (méthane). Celui-ci est récupéré pour servir à combler les besoins énergétiques de certains systèmes de l’usine. Le surplus de ce gaz naturel, une fois purifié, peut être injecté dans le réseau de distribution de Gaz Métro, devenu Énergir. Les résidus solides restants, appelés digestats, servent à fabriquer du fertilisant utilisé en agriculture.
Le reste des matières organiques et des boues provenant de ce processus sont déshydratées et acheminées à la plateforme de maturation attenante au CVMO. En 25 jours, elles se transforment en terreau fertile utilisé par la Ville pour entretenir ses parcs et ses espaces verts. Une partie des boues est aussi dirigée vers un assécheur thermique et transformée en fertilisant utilisé en agriculture.
Le processus complet de transformation des matières organiques par biométhanisation permet à la Ville de générer 50 % de biogaz, 40 % de terreau et 10 % de fertilisant. Cette démarche s’inscrit tout à fait dans la conception de développement durable de la Ville puisqu’elle allie des intérêts écologiques, économiques et sociaux.
Le projet de biométhanisation de la Ville de Saint-Hyacinthe, en plus d’être en partie subventionné par les deux paliers de gouvernement, est basé sur un modèle d'économie circulaire où les matières résiduelles des entreprises sont réutilisées et valorisées afin d'être transformées en énergie qui, une fois revendue, permet de générer des profits pour la municipalité. Ainsi, les résidents, en posant un geste pour l'environnement, contribuent aussi à améliorer les services dont ils pourront profiter.
Au terme de ce projet, totalisant un investissement de 80 millions $ (42,2 M$ du gouvernement du Québec, 11,4 M$ du gouvernement du Canada et près de 27 M$ de la Ville de Saint-Hyacinthe), les installations permettront notamment à la Ville de réaliser :
Grâce à ses installations, la Ville de Saint-Hyacinthe offre aux entreprises agroalimentaires de la région une solution respectueuse de l’environnement et économiquement viable pour la gestion de leurs déchets organiques.
Le projet de biométhanisation de la Ville de Saint‑Hyacinthe a obtenu plusieurs distinctions :